L'Art
de la Perche-Zen (I) |
écrit par
Mark Ulano
pour sa rubrique dans Pro Audio Review
"Vous pourrez toujours avoir une discussion avec les Perchmans.
Généralement, ce sont les personnes du plateau les plus fières
d'allure, comme les plus habiles et, habituellement, les plus intéressantes."
Andy Rovins, Perchman
Parmi les titres de métier dans les génériques déroulant
de film vous trouverez le Perchman. Qui est le Perchman et quelle est la
nature de son travail. Au niveau le plus fondamental, le Perchman est la
personne responsable du placement interactif du microphone puisqu'il fait
planer sa perche et son microphone au-dessus des acteurs dans une situation
dynamique de dialogue. Cependant, cette description effleure à peine
la surface de ce que ces gens font réellement. Ces spécialistes
sont des artistes à la performance méconnue, plus apparentés
au cadreur ou au pointeur dans la sorte d'interface qu'ils doivent intuitivement
créer avec les vedettes filmées.
Comme il en est beaucoup du travail de l'équipe son, les fonctions
du Perchman sont mal comprises même au sein de l'industrie du cinéma.
Le Département Son est un des rares départements dont l'embauche
est indépendante de celle de l'Image. Chaque production peut avoir
une attente différente vis à vis de nous, si bien qu'il y
a un flou et une inconstance à savoir où nous sommes dans
la hiérarchie. Peut-être cela a-t-il à voir avec le
caractère intangible du son comme médium ou avec une imprécision
du lexique courant du son. Ou, c'est peut-être tout simplement parce
que, techniquement, il est possible de différer la solution des challenges
sonores à la phase de post-production. Quoiqu'il en soit, en fin
de compte le son doit être incorporé sans accroc au travail
final et une préférence pour le son original du jeu des acteurs
est toujours dominante. C'est dans cet environnement que le Perchman doit
travailler pour atteindre à l'excellence, agissant furtivement, dansant
entre les gouttes de pluie dans un espace de travail non-son-centrique au
milieu d'ego dynamiques, beaucoup de ceux-ci n'étant même pas
vaguement intéressés par la mission professionnelle du Perchman.
J'ai pensé que je ferai quelque peu la lumière sur ces Nijinski
du son en discutant avec quelques-uns d'entre eux et en donnant quelques
aperçus de leur monde. Ils ressemblent à un troupeau de pur-sang,
corsés comme des pirates, et sérieux comme des samouraïs.
J'ai découvert que les personnes de ce corps de métier avaient
en commun quelques qualités importantes : une fierté passionnée
de leur métier, des compétences d'équipe finement affilées,
et un sens de l'humour parfaitement développé. Je pense que
leurs réponses peuvent être utiles à toute personne
qui voudrait comprendre ce qu'il en est pour enregistrer un son direct de
qualité pour le film ou la vidéo.
Qui Sont-Ils ? - Le Panel
Laurence Abrams : Une vingtaine d'années et des centaines de pubs,
films TV et l'un des perchmans le plus demandé à Los Angeles
dans le milieu de la pub. Longtemps membre du bureau du syndicat du son
pour le film, IA local 695, il est aussi en passe de devenir célèbre
en tant qu'auteur de page web commerciales.
Rusty Amodeo : 5 années de travail comme employé à
la NBC à faire du news ou à percher du soap. Son expérience
sur les sitcoms inclut le Drew Carrey Show, Designing Women and Golden Girls,
aussi bien qu'un service prolongé sur The Tonight Show avec Johny
Carson. Rusty balance aussi du côté de la post-production comme
monteur d'effets sonores ayant récemment terminé Ring Master,
le dernier long métrage de Jerry Springer.
Eric Carr : La première moitié d'une équipe son lauréate
par trois fois des Emmy Awards avec l'ingénieur du son Russel Fager.
ER, Chicago Hope, Tour of Duty (récompensé aussi d'un Emmy
avec la chef opératrice du son Susie Chong-Moore), Young Riders,
Jake & the Fatman.
Patrushkha Mierzwa : Plus de 70 films de fiction cinéma et télévision
parmi lesquels The Big Easy, The Caine Mutiny Court-martial, Dusk till Dawn,
Wings of the Apache, Pet Sematary, Cujo, Drug Wars : Camerena. L'une des
premières femmes à réussir réellement dans un
domaine historiquement masculin, elle est aussi ma femme et la mère
de notre fille de 3 ans, Molly.
Andy Rovins : Perchman aux talents multiples et étendus, et un
as de la Fisher, il travaille sur les films de fiction, les séries
télé et les sitcoms à quatre caméras. Il est
sur les génériques de Driving Miss Daisy, Doc Hollywood, Sugarhill,
Breast Men, Foxfire, Moesha, Ned & Stacy, The George Carlin Show, The
Nanny, etc...
Joel Shryack : Plus de 50 fictions cinéma ou films de télé,
habituel homme baton de l'ingénieur du son John Pritchett dont plusieurs
projets avec Robert Altman. [Touche boutons ?] Joel est aussi superviseur
de post-production sonore.
Jerome Vitucci : Stuart Little, Jackie Brown, The Patriot, Sleepers, Sliver,
Waynes World, Reversal of Fortune, Cowboy Way, At Play in The Fields of
the Lord, Crocodile Dundee et des tonnes d'autres. J'ai eu le plaisir de
travailler avec Jerome ces deux dernières années, il est l'un
des meilleurs dans le métier.
Comment décririez-vous la première fonction de votre
travail ?
JS : Le premier travail est d'enregistrer les dialogues des acteurs d'une
manière claire et naturelle.
PM : Au sens le plus strict, la personne qui manie le microphone (sur
perche) est le représentant du département son sur le plateau
qui conçoit la stratégie du placement et des types de microphones.
De plus, elle fait le lien avec le réalisateur, l'assistant réalisateur,
et les départements en relation.
EC : Pas de reprise de dialogue.
JV : 1. Mon objectif premier est de me concentrer à obtenir le
meilleur son possible, souvent dans des circonstances difficiles (physiques
et émotionnelles). J'essaye de créer un environnement de travail
confortable et efficace, tant à l'intérieur du département
son qu'avec l'ensemble du tournage, pour arriver à cela.
AR : La fonction première est de concevoir et d'exécuter
une stratégie pour percher le plan. Ça repose sur l'observation
des répétitions, sur la connaissance du plan et les intentions
du Réalisateur quant au découpage de la scène, sur
les préférences et les techniques de lumière du D.P.
(Directeur de la Photo), sur la philosophie de prise de son de l'ingénieur
du son et sur l'observation de l'environnement.
RA : Placer le microphone juste à la bonne place de façon
à pouvoir enregistrer un son de la meilleure qualité. Cela
comprend tenir compte du fond sonore des dialogues afin que les scènes
puissent être montées sans avoir un changement brutal du niveau
d'ambiance.
Quelle devrait être la nature de vos relations avec le Chef Opérateur
du Son ? Le Réalisateur ? Les acteurs ? L'assistant
technicien son¹ ? Les autres ?
JV : Le Perchman est les yeux et les oreilles du Département Son
sur le plateau. Plan après plan, il ou elle se retrouve en première
ligne, dans les tranchées du son direct. L'efficacité et l'à
propos de mes décisions sont des facteurs très importants
pour obtenir la confiance de l'ingénieur du son avec lequel je travaille.
J'estime que le Perchman est à l'ingénieur du son ce que le
Cadreur est au Directeur de la Photographie.
Réalisateurs : "ne les envoyez pas promener"
Acteurs : "ne les envoyez pas promener"
Assistant Technicien [son] : Et bien si le plan le permet "envoyez-les
promener", mais sortez avec eux pour boire un coup plus tard.
PM : À l'intérieur du département vous êtes
la coéquipière de l'ingénieur du son, en dehors du
département vous êtes son ambassadeur sur le plateau. L'ingénieur
du son est le chef du département et c'est sa réputation ou
ses contacts qui ont amené le travail.
Réalisateur : Cela dépend de la personnalité
du Réalisateur et de sa façon de travailler, comment il aime
être informé, s'il aime ça, et de la part de qui. Certains
réalisateurs préfèrent que vous communiquiez à
travers leur assistant.
Acteurs : J'essaye dans un premier temps de ne rien nécessiter
de leur part. Cela me donne le temps de les observer agir avec les autres
et déterminer leur état de calme ou nervosité et leur
niveau d'aisance avec l'équipe. Vous devez mémoriser les textes
des acteurs et leurs mouvements, tout en étant toujours prêt
à l'improvisation (chronique avec certains acteurs).
L'Équipe : que la mise en place de la lumière puisse
vous prendre en compte nécessite que vous connaissiez les noms des
projecteurs afin de pouvoir discuter des ajustements avec les électros
et les machinos. La même chose est valable pour les focales caméra.
Soyez attentif au nombre de caméra en action, s'il y a clap de début
ou de fin et ainsi de suite. C'est aussi très utile d'avoir des connaissances
en matière de costume de façon à pouvoir discuter des
tissus problématiques, de l'esthétique, et du placement des
micros émetteurs. Connaître suffisamment du travail de chacun
pour être apte à dire quand vous êtes embêter et
être apte à proposer des suggestions.
JS : Réalisateurs, Acteurs, Producteurs, Figurants, Assistants
Réalisateurs, et même les Ingénieurs du Son peuvent,
et le feront, entraver vos efforts. Donc soyez diplomate, faites amende
honorable, et mettez ces personnes de votre côté. On ne fera
rien pour vous si vous échouez en matière de comportement
sur le plateau. Ni vos prouesses techniques, ni votre connaissance du script
ne pourront combler le vide à ce niveau-là. Une trait majeur
de mon comportement était d'essayer de comprendre le travail de chacun
et de jouir de leur carrière (d'excellence) aussi bien que de la
mienne.
AR : L'Ingénieur du Son : C'est votre patron, et ce qu'il
veut c'est la bonne réponse. C'est bien de travailler avec un ingé
son qui vous fait confiance et vous accorde un certain degré d'autonomie.
Le Réalisateur : Notre mission première est d'aider
le Metteur en Scène à réaliser sa vision. Si vous avez
de bonnes relations avec un metteur en scène vous pourrez obtenir
qu'il vous paye un coup de retour à l'hôtel, une carte de vux
à Noël, ou travailler sur son prochain film.
Les acteurs : Les acteurs sont des âmes sensibles, même
lorsque ce sont de furieux égocentriques. C'est difficile de ne pas
faire ami avec eux, mais avoir des relations sexuelles avec eux est à
votre propre risque.
L'assistant technicien son : Je traite l'assistant technicien de
la manière que j'aimerai voir mes supérieurs me traiter sur
le plateau, proche du raffolement en terme de harcèlement sexuel.
EC : L'ingénieur du son - Je protège sa prise de son et
il protège mon cul...
RA : Ingénieur du Son : Certains ingénieurs du son
veulent que leur perchman soit leurs yeux, leurs oreilles ET leur voix sur
le plateau. Si des remarques doivent être communiquées aux
Réalisateur, Acteur, Scripte²,
etc... certains ingés son veulent que le Perchman s'en occupe. D'autres
veulent être la seule personne à interagir avec les autres
chefs de département.
Réalisateur : Évidemment, le réalisateur considère
le Perchman sur le plateau comme la voix de l'ingé son pendant une
prise. Est-ce que ça va pour l'avion qui passe ou bien est-ce inutilisable
? Par chance, si c'est mauvais pour le son, ça peut aussi bien l'avoir
été pour le jeu de la scène. Cependant, il y a un temps
et un lieu pour toute chose, et connaître le bon moment pour attirer
l'attention des Réalisateurs sur un point de première importance
nécessite de la patience et un sens aigu de l'à propos.
Acteur : La première impression qu'ont les acteurs de vous
en tant que perchman est la plus importante. S'ils ne se sentent pas à
l'aise quand vous placez le microphone sur leur personne, vous aurez des
moments difficiles avec eux pour le reste du tournage. Sans parler du fait
qu'ils vont parler de leurs grief sur vos aptitudes avec les autres acteurs,
le metteur en scène, le producteur exécutif et les assistants
réalisateurs. Dans le cas de Barbara Walters sur une interview de
dernière minute au studio de Jay Leno, la simple approche du style
"J'ai besoin de placer ce micro sur vous" ne marchait pas. Barbara
est une personne très coquette et était entré en discussion
avec toute sa compagnie leur montrant sa garde-robes afin de choisir. Elle
dit "donnez-moi le micro et je vais le faire". J'ai répondu
en lui montrant exactement comment je désirais qu'elle place le micro,
où passer le câble et comment. Elle me rendit le micro et me
demanda de le faire. Quand j'étais en train de placer le micro sur
elle, j'ai évoqué que travailler avec elle était comme
travailler avec Nancy. Elle dit "Nancy qui ?" et j'ai répondu
"Nancy Reagan". J'avais précédemment travaillé
avec Mme Reagan sur une émission spéciale de Bob Hope. À
partir de ce moment-là, j'ai eu sa confiance et n'ai plus eu de problème
à lui demander à l'occasion de réajuster son micro
pour le reste du tournage. Elle savait que j'étais un professionnel
dont le but était d'obtenir le meilleur son possible en cette occasion.
Comment vous préparez-vous pour votre travail ?
PM : Il est très utile pour le Perchman d'observer les répétitions,
bien que vous devez toujours être préparé à les
oublier. Je ne jure que par une séance d'entraînement chaque
matin avant le travail, quelle que soit l'heure de convocation. Il m'arrive
de suivre des réunions d'informations techniques sur les comportements
et les personnalités engagées dans le processus. Je discute
avec les amis qui ont déjà travaillé avec les personnels
et acteurs à venir si je ne les connais pas afin d'avoir une meilleure
idée de la dynamique humaine. Je lis aussi le scénario avant
le premier jour et je fais part de mes avis et remarques à l'ingénieur
du son.
AR : Lire le script. Entretenir mon équipement. Avoir suffisamment
de sommeil. Faire attention.
JV : En lisant et mémorisant le scénario (bien qu'il m'arrive
fréquemment de le faire simultanément en regardant la première
répétition), avoir des discussions de préparation avec
l'ingénieur du son, avec des discussions de préparation avec
l'assistant technicien [son], préparer mon matériel. Rencontrer
le personnel de production pour discuter tarif et faire mes papiers. Rencontrer
si possible certains membres des départements Assistanat Réalisation,
Caméra, Électricité, Machinerie, Accessoires et Costumes
pour résoudre toute affaire en relation avec mes fonctions, par exemple,
Sécurité, Câblage, Costumes et micro HF.
LA : Avoir autant de sommeil que possible.
EC : Drogué comme un cheval de course.
RA : Premièrement, je veux une bonne nuit de sommeil. Ensuite,
je déambule dans le maison avec un manche à balai et un sceau
d'eau au bout. Chaque nuit j'ajoute progressivement du poids pour affermir
la capacité à soutenir une perche au-dessus de la tête
sur des long plans.
Qu'avez-vous besoin de connaître en matière de lumière
et de focales ?
LA : Je voudrais élargir la portée de cette question car
je pense que percher, et le son en général, requiert une large
compréhension et une prise de conscience de virtuellement tous les
éléments qui entrent en jeu dans la production. En cela, je
pense que nous sommes uniques parmi nos frères et surs dans
l'équipe. Typiquement, les costumes ne se soucient pas ou ne nécessitent
pas de comprendre ce que les machinos font, et les électriciens n'ont
pas besoin d'être impliqués dans ce que fait la(e) scripte.
Mais nous devons connaître la lumière et nous devons comprendre
comment les projecteurs sont contrôlés de façon à
pouvoir communiquer notre besoin de couper ou de contrôler les projecteurs
qui produisent des ombres. Nous devons connaître les objectifs et
nous devons comprendre ce que le cadreur fait de façon à pouvoir
ajuster nos mouvements quand la caméra roule, zoome, panote ou tilte.
Nous devons nous accorder avec le réalisateur et les caractéristiques
du jeu des acteurs de façon à connaître la mise en place
et connaître quand le rythme de la scène ou les dialogues changent.
Nous devons savoir comment la(e) scripte assignent les numéros aux
scènes autant que savoir comment communiquer avec les costumes à
propos des conséquences induites par le fait de placer les micros
émetteurs sur les acteurs. Nous devons travailler avec l'accessoiriste
et la déco pour résoudre les problèmes de bruit et
créer des opportunités pour pouvoir planquer un microphone
dans le décor. Même le responsable des repérages entendra
parler de nous quand nous cherchons à résoudre les points
qui produisent des sons indésirables dans les bâtiments ou
décors où nous tournons. Je pense que, lorsqu'il fait correctement
son travail, le Département Son s'implique et en connaît beaucoup
plus sur tous les autres métiers du plateau qu'aucun des autres sur
nous.
JV : Vous devez savoir d'où vient la lumière, qui et qu'est-ce
qu'elle éclaire ? Est-ce que les projecteurs créent des problèmes
d'ombre ou de réflexion que je ne puisse résoudre ? Vont-ils
m'empêcher d'obtenir un bon son ? Que dois-je faire pour obtenir de
les ajuster de sorte que je puisse faire un bon boulot, par exemple, demander
des drapeaux ou des cutters, parler au D.P. ou au chef électro. À
ce moment, ça vaut la peine de déranger quelques-uns de vos
collègues afin de résoudre le problème, plutôt
que pour nous tous (le département son) d'être sur la sellette
pendant les rushes. Savoir quelles focales sont utilisées, et comment
les lignes imaginaires du champ évoluent avec chaque mouvement de
la caméra, et des acteurs. Je n'ai pas cet avantage de pouvoir garder
mon il dans le viseur, pendant le plan. Quoique j'utilise occasionnellement
un petit moniteur vidéo, pendant la prise. Et puis, être instinctif
est salutaire.
AR : Votre liberté de mouvement est limitée par la lumière,
si bien qu'une connaissance des principes physiques de base de la lumière
et des ombres aussi bien que des caractéristiques des sources nettes
ou diffuses est essentielle.
Quelle est votre philosophie du placement de microphone ?
PM : Créer une interprétation "naturelle" des
dialogues et effets au moment de tourner tout en minimisant les facteurs
de bruit.
JV : La magie du placement de microphone c'est de trouver sans cesse le
point où votre microphone sonne le mieux d'une façon la moins
importune. En d'autres termes, si vous (en tant que toute personne du tournage)
ne vous êtes pas rendu compte de ma présence (et si vous avez
apprécié les rushes) je suis parvenu à mes fins.
AR : Il n'y a pas qu'une seule réponse juste. J'aime percher avec
un micro proche de la verticale parce que ça permet les ajustements
les plus commodes pour les retournements de tête ou les autres mouvements
des acteurs. Cela permet aussi d'aller en douceur sur la réplique
des autres acteurs avec un minimum de changement du fond sonore. Mais tout
ceci peut varier avec la lumière, le physique des acteurs, les limitations
matérielles du plateau, le bruit du décor, et la courbe de
réponse du microphone. Planquer un micro marche quand vous pouvez
trouver un endroit qui sonne naturel. Les micros cravate sont meilleurs
au milieu du sternum, mais cela peut aussi dépendre des costumes
ou de la prédilection de l'acteur à parler à ses pieds
ou à quelqu'un derrière lui.
RA : Il y a beaucoup de trucs dans ce métier. Si vous avez un acteur
qui tourne fréquemment sa tête en tout sens, mettez le micro
devant lui sans trop bouger pour garder consistant le son des répliques,
et par conséquent consistant aussi le fond sonore. Cette technique
m'a particulièrement servi sur Designing Women quand je perchais
Meeshack Taylor. Ses mouvements de tête n'étaient jamais deux
fois les mêmes si bien que je devais composer avec une position médiane
de façon à ne manquer aucune réplique. Vérifiez
avant la scène avec les costumes, où un jour approprié,
les vêtements que les acteurs portent pour déterminer le type
de tissu (problèmes avec la soie), les poches pour cacher l'émetteur,
des trous prédécoupés pour faire passer le fil du micro
ou l'antenne, les chaussures aux semelles solides pour assourdir les bruits
de pas lourds. Si une scène se passe entre deux acteurs et que l'un
parle plus fort que l'autre, placez le micro aussi près que possible
de la personne de faible niveau et visez la personne au niveau le plus fort,
nivelant ainsi le niveau général. Une vieille méthode
empirique consiste quand on perche une personne qui parle à regarder
les autres acteurs car ils enverront un signe par une gestuelle corporelle
juste avant de parler. C'est particulièrement utile quand on perche
un Soap car de nombreuses fois, à la fin de la journée quand
le temps devient critique, AUCUNE répétition n'a lieu. Habituellement
sur les Soap, les perchmans n'utilisent pas les scénarios. À
la fin de la journée vous vous surprenez à répéter
au moment de l'enregistrement, si bien que la gestuelle vous aide véritablement
à être certain de ne pas créer une situation de off.
Parfois, la régie garde la première et unique prise de la
scène.
Quels sont les instruments de votre métier ? Quel équipement
préférez-vous et pourquoi ?
JS : Il n'est pas nécessaire de faire le maniaque sur les marques
ou les courbes de réponses, tous les microphones professionnels sont
de bonne qualité, comme tous les marteaux peuvent taper, c'est le
charpentier qui lui donne l'impulsion. Les subtilités des détails
techniques viendront avec l'expérience.
EC : Des perches et du bon sens.
PM : Ma perche favorite, avec le câble à l'intérieur,
un casque peu ajusté de façon à pouvoir écarter
ou coller l'oreille au plus près de la caméra. J'aimais bien
pour cette raison mon Sony DRM5s tombé dans l'oubli, mais ils ont
stoppé sa fabrication depuis des années. J'aime les vêtements
confortables, lâches, mais pas trop, avec des poches, souvent en noir
pour éviter les réflexions. Je préfère les sweats
et les chaussures de tennis avec des bonnes semelles épaisses et
silencieuses. Il est beaucoup question de marche, de course, de course en
arrière.
AR : Mes instruments comprennent des casques, des micros, des Fisher,
des micros émetteurs, des perches, des prises, des gadgets, des outils
Leatherman, de la Velcro. En ce qui concerne le matériel, je crois
que la principale différence dans la sélection des microphones
est en fait fonction de leur facilité à opérer. Si
vous regardez un film et pouvez dire quel micro a été utilisé,
alors il y problème. Ceci dit, je préfère les Shoeps
parce que ce sont encore les micros les plus transparents. J'aime les Fisher
parce que ce sont de superbes instruments. Ça aide à entretenir
la conscience que vous effectuez un travail de précision.
JV : Les instruments de mon métier, hormis l'évident, sont
une machine Espresso haut de gamme et un lecteur compact CD. Tout le reste
appartient à l'Ingénieur du Son. Je préfère
avoir une grande loge chauffée avec l'air conditionné.
Dans la seconde partie de notre ode
aux perchmans, nous aborderons les comportements sur un plateau de tournage,
les exigences techniques et physiques, la Fisher, les micros émetteurs
et donneront des conseils pour ceux qui voudraient exercer la perche et
en faire une carrière.
Dernière mise à jour : 9 mai 2000
Traduction
française : Jean Casanova - 2001
________________________________
¹ le poste de sound utility person
n'existant pas en France, ce peut être un second assistant son.
² le terme de script supervisor
renvoie généralement à notre poste de scripte.
³ les incertitudes de traduction ont
été mises entre crochets [].