 |
Le Satis 2002 s'est tenu à Paris
au Parc des Expositions de la porte de Versailles du 22 au 24 octobre 2002.
Aux dires des exposants, le Satis,
organisé par Reed
Expositions France, est devenu un salon cher, les prix ayant
augmenté alors que la durée est passée, depuis
quelques années, de quatre à trois journées.
À titre indicatif, le plus petit des stands de 9 m²
coûte, pré-équipé, 2 500 €.
On comprendra alors pourquoi l'ensemble de l'espace est occupé
par les grosses boîtes de la vidéo numérique
(voir la liste des nominés aux SatisFecit)
laissant un dernier petit carré à l'audio, et encore
plus réduit à l'image argentique. L' audio
numérique était cependant très présent
dans le programme des conférences mais leur coût
exorbitant en condamne l'accès des intermittents. Cette
20ème édition aura certainement dépassé
les 24 134 visiteurs du Satis 2001, tant la circulation
dans les allées en était pénible dans ce
hall 3 surchauffé. |

L'audio au Satis 2002 |
Les enregistreurs numériques
En matière de prise de son fiction cinéma ou TV, mais aussi documentaire,
l'impatience de voir fonctionner enfin les nouveaux enregistreurs numériques
a fait place à la déception de n'avoir eu droit qu'à
des prototypes non-fonctionnels, voire à une simple documentation photocopiée
!

Cantar et Jean-Pierre Beauviala |
Sans conteste, la machine la plus étonnante de cette catégorie
était le Cantar
(anciennement AatonCorder) présenté sur le minuscule stand
d'Aaton dans la
section Image du salon. C'est dire que son accès en était
difficile, coincé entre les opérateurs venus voir l'A-Minima,
et les envahissants steadicamers du stand voisin ; le Cantar, présenté
par Jean-Pierre Beauviala en personne, trônait sur une table de
bistrot, un HD25 pour l'écoute, un Shure SM68 ( ! ) pour
le test. Il est toujours un peu décevant de s'entendre dire que
la machine présentée est déjà obsolète
sur bien des aspects, mais cela, tout à l'honneur de Aaton, témoigne
d'une intention fort louable d'être à l'écoute des
utilisateurs potentiels. Cependant, comme il ne saurait être question
de satisfaire les mille et une manières antinomiques de travailler
des ingénieurs du son, il faudra bien un jour arrêter l'étape
de finalisation pour passer enfin à la production. |

Le Cantar de Aaton |
Ceci étant dit, la machine serait annoncée
pour être commercialisable vers la fin du 1er trimestre 2003 à un
prix situé entre 11 000 et 12 000 €. Plus chère
que ses deux concurrentes futures, le PD6 de Fostex et le Portadrive de HHB, elle
aura pour avantage de présenter une ergonomie
orientée sur la portabilité, un nombre d'entrées important
(3 micros mono, 1 micro stéréo, 4 lignes symétriques,
6 AES), des entrées microphone de très
grande dynamique avec chacune filtre et limiteur indépendant, toutes les
entrées affectables par matriçage sur 6 pistes d'enregistrement,
la possibilité d'effectuer simultanément ou postérieurement
un mix-down bipiste (sur les pistes 7 et 8), le support d'enregistrement interne
(un disque dur IDE sur port Firewire actuellement de 80 Go bientôt
120 Go), permettant quasiment l'enregistrement d'un film entier, la sauvegarde
externe sur graveur de CD-Rom Firewire, utilisant donc un média peu coûteux
et universel. Sa conception tournée vers la portabilité sera son
grand handicap. Cela a amené à réduire le nombre de potentiomètres
manipulables en façade, dérogeant à la règle pourtant
simple d'une piste = un pot, à disséminer les informations sur trois
afficheurs. La sortie des nouvelles mixettes 4x4 (voir ci-dessous
Sonosax et Audio Devices) rend caduque les tentatives de faire d'un enregistreur
une machine hybride, c'est la raison pour laquelle Zaxcom avait abandonné
cet aspect sur le Deva II.
On pourra regretter l'absence d'un haut-parleur,
qui existe toujours sur le PD6 et le Portadrive. Séduisant par ses innovations,
le Cantar devra convaincre une clientèle anglophone qui sera certainement
plus encline à voir du côté de Fostex ou HHB.

Fostex, représenté
en France par Dynamic
Audio, n'a pas daigné montrer son nouveau
PD6 au public français, c'est dire le peu de cas qu'elle
fait du marché local. Une simple documentation préliminaire
photocopiée n'est pas suffisante pour s'en faire une juste
idée. Cependant, un site
spécialement dédié aux enregistreurs DVD-Ram
de la marque, en premier lieu le DV40 qui est une machine de studio,
nous apporte quelques indications. Présenté récemment
en prototype fonctionnel à l'AES de Los Angeles, le PD6 semble
être un ersatz de PD4, agrémenté à la sauce
DVD-Ram, avec des limitations techniques qui en font une machine pas
si intéressante que ça. |

Le PD6 de Fostex |
Le support, mini DVD-Ram de 8 cm, n'est pas si courant
que ça, est cher, et sa capacité de 1,46 Go est réduite
(26 min en six pistes, 24 bits, 48 kHz) dès lors que l'on
veut réellement travailler en hexapiste (néologisme personnel qu'il
faudra bien utiliser à terme). Si la quantification passe enfin à
24 bits, l'échantillonnage est réduit à 48 kHz
dès lors que l'on enregistre plus de 2 pistes. Si l'on désire un
mix-down bipiste, on se retrouve avec seulement 4 pistes 24 bits, 48 kHz.
Ceci dit les inconditionnels de l'ergonomie du PD4 ne seront pas surpris, c'est
donc une machine qui ne nécessitera pas d'apprentissage particulier. Au
contraire de tous ses concurrents (sauf le Nagra V), Fostex fait le pari de l'enregistrement
direct sur le support destiné à la post-production. A l'inverse
donc, une sortie Firewire permet de sauvegarder ses journées sur un disque
dur externe. Qu'en est-il de la pérennité du support, de sa sensibilité
aux chocs, aux positions verticale et renversée, aux conditions climatiques,
de sa diffusion, etc ? Là encore, prévue pour le début de
l'année 2003, son coût devrait avoisiner $10 000.


Le Portadrive de HHB |
Eurocom présentait
un prototype, encore une fois non fonctionnel, du Portadrive
de HHB. C'est
un hexapiste avec mix-down sur 2 pistes supplémentaires sur
disque dur interne extractable d'une capacité de 2 heures en
8 pistes 24 bits, 96 kHz au format BWF AES31 ou SDII
Protools comme le Cantar. 6 entrées micro/ligne, 8 entrées
AES, 1 SPDIF, une interface informatique très complète,
USB2, Ethernet, PS2, RS422, SCSI, un écran multifonctions digne
d'un PDA évolué, en font une machine très performante,
mais une machine de roulante, peu adaptée pour l'épaule. |
La conservation du format NP (comme le PD6, une Lithium
Ion NP-L50 permet 2 heures d'enregistrement) pour l'alimentation évite
d'avoir à refaire son stock de batteries. La sauvegarde externe pour les
rushes de la journée peut se faire sur tout support, l'idéal restant
le DVD-Ram et bientôt le DVD-RW. En effet, même si l'intention de
HHB est de faire du disque dur interne de 2,5" le média des rushes,
il semble plus prudent d'en faire une copie de post-production sur un support
moins coûteux. A la différence de ses concurrents, les 6 boutons
de façade ne sont pas des potentiomètres mais des encodeurs ce qui
leur confère une grande lattitude d'opérabilité. Par contre,
le commutateur rotatif multifonctions de mise en route fait vraiment toc avec
son déclic à la sonorité très plastic. Capacités,
simplicité d'utilisation, interface utilisateur et coût d'achat analogue
à celui du PD6 font du Portadrive la future machine de nos roulantes qui
devrait reléguer le Deva II aux oubliettes en attendant les très
attendus Deva III, IV et V.
Les systèmes HF numériques
ou hybrides
Le numérique se faisant de plus en plus petit, il s'insinue
jusque dans les minuscules boîtiers des HF, tout du moins pour les fabricants
nord-américains, car jusqu'à présent les marques européennes
ne se sont pas encore attelées à la tâche.

Installation Jean-Claude
Laureux |
A coté de l'impressionnante installation de roulante 100% Zaxcom
de Jean-Claude
Laureux, regroupant un Deva
II, une Cameo
LRC , un enregistreur DVD, un enregistreur MD, tout un système
de patch et de sélection d'alimentation et d'écoute
fort bien fait, Areitec
présentait les HF
numériques de Zaxcom, en cours d'homologation en France.
Leur petite taille, particulièrement la version "GoldLine"
alimentée par 2 LR06, est un atout, mais l'utilisation dans
la version "SlimLine" de batteries Lithium Ion, certes économique
à la longue, oblige à entretenir un stock important
et à une gestion rigoureuse des charges, encore du travail
en plus pour l'assistant ! Les ventilateurs fort bruyants des récepteurs
ont été remplacés par un volumineux radiateur.
Le problème du délai numérique de 3 ms ne
semble plus en être un, à la condition d'avoir une Cameo
pour retarder l'ensemble des autres voies qui n'auraient pas un tel
délai (perche, autres HF, etc...) Dans la théorie un
délai de 1,5 ms aurait été possible, mais
Zaxcom anticipe déjà la sortie d'un émetteur
stéréo dont le délai sera alors de 3 ms. |

Émetteur miniature Zaxcom |
Par ailleurs, Zaxcom annonce la sortie courant 2003 de trois
nouveaux Deva (III : 4 pistes, IV : huit pistes, V : 10 pistes) rien que ça
! Nagra aura mis 40 ans pour passer du III au V, Zaxcom le fait dans l'année.


Émetteur étanche Lectrosonics
MM400 |
Sur le stand de Tapages,
toujours aussi accueillant et champagne à gogo, on pouvait
voir le minuscule système HF Lectrosonics
de la série
MM400 dont l'émetteur hybride, au boîtier métallique
de très petite taille alimentée par une seule pile LR03,
est donné comme 100% étanche. Non autorisé en
France pour le moment du fait de sa puissance d'émission supérieure
à 50 mW, cet émetteur, à la différence
des Zaxcom 100% numérique, code le signal audio à l'émission
et le décode à la réception. Sur la roulante,
fabriquée par Flightman
comme celles de DCAudiovisuel, une Cooper
CS208, et un portable PC permettant, d'une part de faire son rapport
avec RapSoDi
de Bernard Ollivier, d'autre part d'avoir un retour vidéo
grâce à une simple carte de réception UHF sur
port PCMCIA, ou encore d'enregistrer voire éditer sur Sound
Forge 6 par l'intermédiaire d'une carte son comme la nouvelle
Digigram VX Pocket 440
distribuée par SCV
Audio. |
Roulante Tapages |

Les dernières mixettes 4 voies

Prototype de la Sonosax SX-42 |
Sur le stand d'Areitec, Sonosax
présentait le prototype tout juste sorti de douane de sa nouvelle
mixette
SX-42, totalement étanche, 4 entrées ligne/micro,
4 sorties lignes directes post ou pré-pot, 2 sorties master
ligne, filtres et limiteur sur chaque voie, la particularité
de cette mixette est de n'utiliser aucun switch ou pot mécanique,
mais une ribambelle de sélecteurs magnétiques Reed à
glissière, ce qui lui confère étanchéïté
et solidité mécanique. |

Importée en France par JBK
Marketing non présent au Satis, la flashante mixette de
Sound Devices,
la déjà célèbre 442
était visible sur le stand Tapages qui la loue depuis peu comme
DCA. Son ergonomie tout à fait judicieuse, avec ses potentiomètres
escamotables, alliée à une qualité sonore indéniable,
la faculté d'avoir 4 sorties directes, uniquement pré-pot,
la solidité et le design et un prix légèrement
inférieur en font une sérieuse concurrente pour la dernière
de J. Sax ! |

La Sound Devices 442 |
Encore des perches et autres
accessoires
On aurait pu penser ce marché complètement bloqué,
d'une part du fait d'une clientèle limitée, d'autre part car VdB
occupe en France une grande part du marché. A ce propos, Stéphane
VdB dément formellement les fausses rumeurs qui évoquaient un
abandon de la fabrication de perche. Au contraire, de nouveaux serrages et joints
sont actuellement à l'étude afin d'accroître la longévité
d'utilisation et réduire la microphonie. Les marques se font de plus
en plus nombreuses sur le segment des perches moyennes destinées principalement
au reportage. Comme quoi, la prise de son de reportage n'est pas encore morte
comme on voulait bien le faire croire lors de l'apparition des Betanum et autres
DV !

Les perchettes Manfrotto |
Plutôt connu pour ses équipements et accessoires
de fixation vidéo, lumière et photo, Manfrotto
en collaboration avec Gitzo s'est lancé dans la fabrication
de perchettes
en fibres de carbone, au toucher assez agréable, rigides
et précises, dont le serrage à course très rapide
et puissant convient bien à une utilisation reportage. |

La plaquette de suspension Tapages |
Habituellement bricolage personnel de tout un chacun
perchman, Tapages a lancé la production de petites plaquettes
d'aluminium comportant d'une part un trou au diamètre pas du
congrès 10 mm, d'autre part un trou au diamètre des
pas de vis XLR Neutrik 17 mm, permettant de solidariser de la suspension
la prise mâle d'un raccord XLR de perche. |


Les perches K-Tek |
Pilote
Films, en plus de distribuer les perches VdB, rappelons-le en
fibres de carbone et kevlar, et les perches américaines K-Tek
aux accessoires très innovants, présentait les perches
moyennes et perchettes Lightwave,
en aluminium très fin (un peu semblable aux anciennes LTM mais
nettement plus solide et mieux finies) plutôt destinées
à l'ENG et intéressantes par leur poids, une flexibilité
assez ferme pour le matériau, même si le serrage semble
un peu léger pour supporter une lourde et longue bonnette,
par exemple une Rycote
vendue aussi par Pilote Films. |

Rycote et perche moyenne Lightwave |


Le Surround Schoeps KFM360 et CCM8L |
La prise de son stéréophonique multicanale devenant de plus
en plus courante en cinéma, l'équipe
d'Areitec a présenté une solution simple mais imaginative
pour le support et la mise en bonnette de l'étonnante boule Schoeps
Surround KFM 360 associée à deux bidirectionnels
CCM8L utilisée récemment en long-métrage par Guillaume
Sciama. Deux bons gros élastics, une cage de boule chinoise et
trois tubes de métal ont suffit à faire une suspension permettant
à la boule et ses deux acolytes d'être enveloppés d'une
énorme peluche fabriquée sur mesure. Un système qui
permet au final de faire ses ambiances sur pied ou à la main en 5.1
grâce au processeur
DSP-4KFM360. |

Une bonnette hors du commun |
Et l'année prochaine ...
Le Satis est un peu comme le Mondial de l'Auto. On regarde
beaucoup, on touche pas mal, on s'assoit pour boire un verre, c'est sympa, mais
on n'a guère l'occasion d'essayer grand-chose, d'écouter, de faire
tourner, d'enregistrer. Béates devant une débauche de technologies
souvent mal comprises, nos oreilles restent sur leur faim. Certes, les relations
de confiance entretenues avec la majorité des distributeurs permettent
généralement au professionel du son d'essayer in-situ le matériel
avant de l'acheter, mais n'y-aurait-il pas meilleure preuve de solidité
et de fiabilité que celle d'un matériel qui aurait été
manipulé sans cesse durant trois jours et qui marcherait encore ?
Jean Casanova © 2002
|
 |
 |
 |
|
 |